Covid-19 : comment la pandémie a fait exploser le marché du champagne

Il y a un an, les mines étaient tristes en Champagne. Le moral n’était pas au plus haut dans les maisons qui avaient vu leurs ventes s’écrouler avec la fermeture des lieux de convivialité, hôtels, restaurants et établissements festifs de nuit, sans parler de l’arrêt quasi total des vols des compagnies aériennes, grosses consommatrices de bouteilles de champagne. Une seule nouvelle venait contrecarrer cette ambiance morose : la bonne tenue de la consommation à domicile. «Depuis le premier confinement, les consommateurs ont limité leurs dépenses sous la contrainte, mais en revanche ils ont ouvert des bouteilles ! se félicite Pierre Bérot, directeur des achats hors place chez Duclot. Du coup, depuis la rentrée ils n’ont plus grand-chose dans leur cave». De quoi relancer les achats même si ceux-ci ont enregistré de belles performances pendant les confinements, aussi bien sur les sites d’e-commerce que chez les cavistes.

«Les consommateurs ont fait évoluer la relation qu’ils entretenaient avec le champagne, analyse Margareth Henriquez, présidente de Krug. Il a trouvé une place différente et n’est plus réservé aux célébrations festives, avec des vins servis trop froids ou trop chauds dans des flûtes. Cela ne mettait pas en valeur l’évolution du champagne en général. Ce que nous n’avons pas réussi à faire, la Covid l’a fait. Les gens ont consommé du champagne à la maison, sans attendre d’avoir à fêter quelque chose, juste pour le plaisir».

Pour autant, cette évolution des habitudes de consommation sera-t-elle pérenne ? Il va falloir patienter encore quelques mois pour le vérifier. En attendant, tous les marchés mondiaux reprennent de la vigueur et les commandes pleuvent, notamment avec la réouverture progressive des restaurants et des hôtels à l’international. De quoi entraîner quelques tensions sur le marché.

Une inquiétante pénurie de matières sèches

Cette pénurie de matières sèches se double de problèmes logistiques pour l’expédition des vins. «Le grand export a beaucoup commandé en début d’année pour ne pas être en rupture pour les fêtes, déclare Charles-Armand de Belenet. On constate une grande tension logistique vers les États-Unis, le Japon et l’Australie». Alors que la plupart des maisons ont renoncé au transport aérien pour leurs expéditions, jugé peu ou pas écologique, le transport maritime a du mal à absorber la demande mondiale de containers. «Il est délicat de trouver un cargo pour aller aux États-Unis. Du coup, les prix s’envolent et trouver un container coûte 2,5 fois plus cher qu’avant la Covid», explique Paul-François Vranken. Et même une fois arrivés, les ports sont souvent congestionnés et la livraison finale peut prendre des semaines.

Chez Nicolas Feuillatte, on a même employé les grands moyens. Pour livrer des restaurants des Hamptons, dans l’État de New York, à court de champagne, ce sont des hélicoptères qui ont assuré le «dernier kilomètre», toujours aussi délicat. Outre-Manche, aussi, les livraisons sont difficiles. Entre la paperasserie administrative qui s’est démultipliée avec le Brexit et le manque de chauffeurs routiers, les délais s’allongent alors que la demande a explosé.

Une reprise spectaculaire, des prix qui s’envolent et le tout porté par une reprise à l’international phénoménale

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